Boire de l’eau, sursauter, faire le poirier: comment vaincre le hoquet?

ue celui qui n’a jamais eu de crise de hoquet jette la première pierre à son voisin de bureau victime de « hics » intempestifs. Tirer la langue le plus possible ou appuyer dans la paume d’une main avec le pouce de l’autre: les méthodes de grand-mère sont-elles efficaces?

Cela fait une heure que vous enchaînez les verres d’eau tout en vous bouchant le nez sans succès. En plus de frôler le ridicule, vous continuez de hoqueter, agaçant sensiblement vos collègues de bureau ou vos voisins de train. Sursauter, poser une clé derrière sa nuque, boire à l’envers, faire le poirier, laisser fondre un sucre sur sa langue, avaler une cuillerée de miel, sucer un glaçon ou enchaîner les abdos: chacun a sa propre technique, plus ou moins probante, pour faire passer une crise de hoquets.

Un réflexe de nos ancêtres amphibiens

Comme l’appendice, le hoquet -parfaitement inutile- reste un mystère. Concrètement, c’est un dysfonctionnement du mécanisme respiratoire. Ces contractions involontaires, spasmodiques et répétées du diaphragme sont le résultat d’ordres contradictoires du système nerveux. Alors que celui-ci ordonne au diaphragme de se contracter afin de permettre aux poumons de se remplir d’air, il ordonne quasi dans le même temps à la glotte de se refermer, ce qui piège l’air sur les cordes vocales et provoquer cet exaspérant  « hic ».

De son nom scientifique myoclonie phrénoglottique, le hoquet remonterait aux origines de la vie aquatique et serait un réflexe primitif hérité de nos ancêtres amphibiens, selon une hypothèse d’une équipe de scientifiques français publiée en 2003 dans la revue BioEssays. Ces derniers ont observé chez certains animaux à branchies un mécanisme similaire.

Chez les amphibiens, l’eau est expulsée par les branchies en fermant la cavité buccale et en bloquant la glotte. Comme chez les humains, un gonflement des poumons ou un taux élevé de dioxyde de carbone provoque un bug dans le mécanisme.

Le hoquet du fœtus

Ce réflexe aurait ainsi été conservé au cours de l’évolution et aurait permis le développement d’autres capacités, comme la succion chez les mammifères. Permettant, lors d’une tétée chez le nouveau-né, de guider le lait vers l’estomac et non les poumons.

Chez les bébés justement, le hoquet survient plus souvent que chez les adultes. Particulièrement après la tétée, surtout si le nourrisson a bu rapidement et en avalant de l’air. Mais il est sans gravité, ne cause pas de douleurs et disparaît au bout de quelques minutes, souvent après un rot. Une sensation qu’il connaît déjà bien: dès les premiers mois de vie intra-utérine, le fœtus a le hoquet.

Chez les adultes, il peut avoir les mêmes causes – un repas trop copieux ou absorbé trop rapidement – mais aussi un fou rire, le stress, avoir avalé de l’air ou une simple quinte de toux. « Tout ce qui est irritant pour le diaphragme au-dessus ou en dessous peut provoquer le hoquet, explique à BFMTV.com Muriel Hagiage, gastro-entérologue et hépatologue à Paris. Certains aliments, comme le piment, ou certaines boissons acides et gazeuses peuvent également être source d’irritation. »

Quant aux remèdes de grand-mères divers et variés, ils ont en commun de détourner l’attention du système nerveux pour stimuler une autre zone que le diaphragme.

Poser sa respiration

C’est pour cela que des exercices de respirations, chanter ou siffler font parfois partie de ces anciennes techniques. « La première chose à faire, assure à BFMTV.com Lucile Edy, ostéopathe à  Saint-Egrève, en Isère, c’est de poser sa respiration. Pour cela, on inspire et expire profondément tout en exerçant une pression de ses doigts sous les cotes flottantes. Cela permet d’étirer le diaphragme et ainsi d’inhiber les fibres musculaires. » Elle recommande également certaines positions, comme allongé sur le dos tout en repliant les jambes, afin de comprimer sur le plexus solaire pour relâcher le diaphragme.

Autres techniques: bloquer sa respiration ou boire un grand verre d’eau. Cela fait augmenter le taux de dioxyde de carbone dans le sang, ce qui indique au système nerveux de reprendre le contrôle. Pour ce qui concerne la cuillerée de miel ou le morceau de sucre arrosé de vinaigre: cela pourrait modifier les influx nerveux et stimuler des nerfs présents dans la bouche et la gorge.

Mais pour Lucile Edy, le hoquet est avant tout provoquer par une irritation du nerf phrénique. Elle recommande ainsi, en cas de hoquet persistant, de consulter un ostéopathe ou un kinésithérapeute qui pourra, à l’aide de manipulations, vérifier les chemins des nerfs phrénique -qui contrôle le diaphragme- et vague.

Un symptôme

Dans certains cas plus rares, le hoquet peut durer bien plus longtemps, perturbant alimentation, sommeil et vie sociale. « En consultation, on voit des patients qui ont un hoquet persistant pendant des heures, voire des jours, ajoute Muriel Hagiage. Il faut alors proposer des examens plus poussés, comme une fibroscopie ou un scanner, pour en déterminer les causes. »

Elles peuvent être nombreuses, comme l’expliquait dans un article Jean Cabane, médecin à l’APHP et spécialiste du sujet. Ces « secousses répétitives » peuvent être « le symptôme d’une maladie ou d’une complication pathologique sous-jacente, en priorité œsophagienne ». 

Quant à votre crise de hoquet en pleine réunion de travail ou dans le train des vacances, si aucun sucre, verre d’eau ou chanson n’a réussi à vous faire cesser de hoqueter, il ne reste plus qu’à votre voisin à prendre son mal en patience.

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