Diourbel: une carte postale attrayante, un leadership défaillant ! (Par Cheikh FALL)

La dernière réforme territoriale a le mérite de positionner le développement territorial au cœur du processus d’émergence du pays dans son ensemble. En effet, la loi 2013-10 du 28 décembre 2010 a clairement fléché le manque de viabilité de nos territoires et le défaut de valorisation des potentialités territoriales comme les principaux handicaps à l’émergence de territoires viables et compétitifs.

Les enjeux d’un développement national harmonisé, qui déconstruit la macrocéphalie dakaroise, seront nécessairement à appréhender par tout acteur politique ou de la société civile pour les échéances électorales du 23 janvier prochain.

En réalité, la gouvernance de nos territoires ne saurait impulser efficacement un vrai développement que si le leadership local portant cette exigence d’émergence est suffisamment pénétré des enjeux du territoire. Et c’est pour cela qu’à l’approche des échéances électorales à venir, il me semble important de rappeler aux candidats aux postes locaux et à ceux qui ont la lourde responsabilité du choix, l’impérieuse nécessité de mettre en avant les intérêts du territoire à arrimer aux exigences d’émergence nationale. 

Du boulot, il y’en a assurément dans nos villes et nos campagnes, les disparités territoriales sont facteurs de déséquilibre et entretiennent les phénomènes d’exode rural et de bidonvillisation. 

Et pourtant, nos territoires ne sont pas si mal servis que cela. A preuve, Diourbel malgré ses nombreuses potentialités, se fixe au bas du tableau parmi les régions les plus pauvres du Sénégal. Et le tableau de la ville de Diourbel n’en est pas plus reluisant. Le contraste entre les potentialités et le niveau de sous équipement de cette ville est saisissant.  

Diourbel n’est pas une ville privilégiée du fait notamment de manque d’infrastructures et d’équipements favorisant la naissance d’un véritable environnement  de développement. Et pourtant, les potentialités sont énormes pour qui sait lire les opportunités territoriales. 

Foyer religieux, ville carrefour se situant à 146 km de la capitale Dakar, Diourbel est connecté à la capitale par la route nationale numéro 2 et la voie ferrée Dakar-Kidira. 

De nombreux sites touristiques comme la grande Mosquée de Diourbel qui est érigée en patrimoine mondial de l’UNESCO, le lieu de résidence du fondateur du Mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba, la résidence de son fidèle compagnon Cheikh Ibrahima FALL, les  Mbaanaar de Ndaayaan, sont sans nul doute un patrimoine qu’il n’est pas donné à n’importe quel territoire d’avoir. 

La région éponyme regorge aussi de potentialités qu’il est effarant d’imaginer leur inexploitation. Thieytou, le village du savant égyptologue Cheikh Anta DIOP, les champs de bataille de Ndiandème, de Bounghoye, de Ndiaby, sans oublier les «Khambes» c’est-à-dire les canaris fétiches à Lagnar (Sine DIAGNE) sont présentés comme des sites historiques qui peuvent booster le sous-secteur du tourisme diourbellois.

Il est même étonnant de constater que l’artisanat d’art, l’artisanat de production et celui de service sont très développés dans la région, avec plus de 15.851 artisans évoluant dans 120 corps de métiers issus  des trois secteurs d’activités. 

Sur le plan culturel, contrairement à ce qu’on pense, la région recèle d’importantes potentialités culturelles constituées par des sites et monuments historiques à valoriser ainsi que des événements présentant un attrait touristique certain. Il s’agit par exemple de la Grande Mosquée de Touba et de Diourbel, 

Les événements culturels d’une importance capitale constituent aussi un riche patrimoine qui pourrait  servir d’appui à la promotion du tourisme. On peut en citer quelques-uns comme  le Grand Magal de Touba avec l’affirmation de Diourbel comme gîte d’étape pour des milliers de pèlerins, la rencontre annuelle des saltigués ou «Xooye» à Ndoumbé DIOP, le gamou des Laobés à Sessène-Diourbel…

Pourtant, malgré toutes ces immenses potentialités, force est de constater que leur valorisation n’est pas encore pleine et leur contribution au rayonnement de la ville reste marginale, d’où les enjeux qui se jouent aux prochaines élections locales du 23 janvier 2022.

Le prochain rendez-vous électoral devrait déterminer avec précision le projet de Ville que les prétendants au poste de maire ont, afin d’offrir en exemple la ville qui passerait du statut de «ville repoussante» à «ville attractive». Et c’est pour cela que le choix du maire ne doit pas être laissé entre les mains des appareils ou des systèmes, il est le fait de citoyens éveillés et conscients que c’est tout de suite et maintenant qu’il faut engager la voie du développement territorial avec en support, le marketing territorial. 

Cheikh FALL

Coordonnateur du mouvement « DIOURBEL D’ABORD »