Environnement: au Sénégal, les jeunes se mobilisent pour la durabilité

Ce 05 juin marque la célébration de la journée de l’environnement partout dans le monde. Au Sénégal, les jeunes ont été des acteurs de premier plan dans la suite à donner à la problématique du climat et ont également soulevé les échecs de gouvernance.

Parler du climat n’est pas une chose simple. En réalité, les discussions actuelles autour du climat ne facilitent pas cette compréhension. Ceux qui monopolisent ces concepts ou ces termes – voire ce lexique difficile à cerner – sont rares. Par exemple, les notions de durabilité, de biodiversité et de carbone ne datent pas d’aujourd’hui. Mais combien sont capables d’en donner une définition claire? En effet, les scientifiques savent que ces termes renvoient à leur jargon et au travail qu’ils font depuis longtemps pour démontrer l’existence d’un tel changement du climat. Ces notions et concepts flous à la fois témoignent de la complexité endémique du phénomène – non sans rappeler les vérités scientifiques et politiques qui s’interfèrent dedans. Ce qui est nouveau, c’est peut-etre ces catégories du discours comme économie verte ou économie circulaire – voilant sous un nouveau modèle économique, avec surtout des amplifications en énergies solaires, énergies renouvelables – le capitalisme vert. Et pourtant les gouvernants sont les premiers à ratifier et à signer des traités allant dans ce sens. Ils détiennent quasiment toutes les informations sur ce sujet. Lors des grands sommets sur le climat, ces mêmes autorités n’hésiteront pas à verdir le changement climatique par de beaux discours et une rhétorique sans faille, combinant les hypothèses les plus improbables aux discours les poignants. N’est-ce pas une manière de faire l’impasse sur les solutions d’en bas? La question est ouverte.
Malgré tout, il est facile de pointer du doigt l’absence de consensus concret autour de cette problématique. Les plus radicaux parlent de consensus forgé lorsqu’ils veulent vilipender l’inaction des grandes entreprises “pollueurs”. Mais à juste raison. Les solutions fondées sur la nature (SFN ) ne sont rien d’autre qu’une simple stratégie d’appropriation inhumaine des forêts au détriment des peuples autochtones. C’est du moins la position que défendent les experts de la forêt en Amerique latine. Ils soutiennent que les entreprises qui financent ces projets et programmes destinés exclusivement aux ONG de la conservation, ne sont nullement prêtes à lâcher le morceau. Autrement dit, ces mécanismes de financement qui existent sont mis en place pour verdir la production en carbone de ces grands pollueurs sous forme de compensation carbone. La compensation carbone extrait la valeur commerciale de la nature en la “ virtualisant”. La forêt étant un immense réservoir de produits de consommation, entre autres. Ainsi, il est maintenant possible de monétiser le stockage en carbone de la nature pour sa propre préservation. C’est ce qui se cache dans les discussions à bien des égards.

Pourquoi un tel scénario ?
Depuis longtemps, le scénario du changement climatique n’a jamais fait l’objet de polémiques aussi acerbes, opposant ainsi les hommes politiques et les scientifiques sur le terain de la recherche de solutions adéquates. Par ailleurs, les études scientifiques sur le changement climatique ont toujours existé. Cependant, un tel changement était vu plutôt dans le futur. Maintenant, vu que le changement climatique est une réalité, les passions commencent à se déchaîner. Dans son discours sur le changement climatique, à Washington Dc, JANSIKINE MEDINA, alors 15 ans, déclare
Le changement climatique n’est pas un problème environnemental, c’est une question de race, c’est une question d’immigration, c’est une question feministe ».
Le jeune adolescent était bien parti pour <Ré-inventer> le caractère intersectionel de la problématique de l’environnement. C’est pourquoi il a mis en place son organisation, pilotée exclusivement par les femmes de couleur aux États-unis, Zero Hour. Il n’est pas bien sûr le premier à lier changement climatique et intersectionalité. A vrai dire, ces idées tiennent à l’histoire de l’humanité depuis les années quatre vingt.
Le climat est aussi une affaire de santé publique
Ce qu’il faut voir est que le changement climatique n’est pas seulement le signe de la finitude de nos vies basées sur la grande consommation, ou même de l’accélération de notre rythme de vie, il est aussi associé à la déforestation en Amazonie, dans les régions tropicales en Afrique – véhiculant ainsi les agents pathogènes susceptibles de nous poser des problèmes de santé planétaire. Il fut un temps l’organisation MIGHTY EARTH avait mené une campagne internationale de lutte contre les commerçants de soja et de bétail en Amazonie. Ces genres d’initiative fleurissent dans notre imaginaire collectif et sont de plus en plus captées par des individus extérieurs.
A ce titre, la Commission Fondation Rockefeller-Lancet sur la santé planétaire reconnaît que la santé humaine et la santé de notre planète sont inextricablement liées et que notre civilisation dépend de la santé humaine, de systèmes naturels florissants et d’une gestion avisée des ressources naturelles. Les systèmes naturels étant dégradés à un degré sans précédent dans l’histoire de l’humanité, notre santé et celle de notre planète sont en péril. L’Accord de Paris sur le changement climatique lie explicitement l’action climatique à un environnement plus sain – de l’air plus pur et des risques réduits de vagues de chaleur extrêmes à la maîtrise de la propagation des maladies.
Un impact bien connu du comportement humain est le changement climatique, qui modifie le schéma des maladies, de la mortalité, des établissements humains, de la nourriture, de l’eau et de l’assainissement. Le changement climatique entraîne une augmentation des températures, une montée des mers et une incidence plus fréquente de tempêtes violentes. Les impacts humains connus comprennent les inondations qui peuvent augmenter les risques de maladies liées à l’eau ainsi que les maladies à transmission vectorielle ; un impact sur la production alimentaire – à la fois en termes d’augmentation des cycles de sécheresse et de diminution des micronutriments dans les cultures de base ; et les polluants liés aux émissions de carbone (et au changement climatique) sont également préjudiciables à la santé humaine. Aujourd’hui, la mortalité mondiale est plus élevée en raison de la pollution atmosphérique qu’en raison du VIH, du paludisme et de la tuberculose réunis.
Quid de la journée de l’environnement 2021?
Il est désormais bon temps de rendre hommage aux jeunes où qu’ils soient. Dans tous les continents, la question du climat est presque devenue une priorité dans les discussions. En effet, ils sont nombreux à suivre des projets et activités allant dans ce sens en Afrique, particulierement au Sénégal. Au Sénégal, plus précisément, les jeunes s’engagent à apporter des solutions concretes et durables à cette problématique en travaillant de concert avec les organisations et autres sociétés ayant l’intention de faire partie du projet. Ces entreprises sont généralement des grands pollueurs. Ce qui justifie l’existence de plusieurs entités ou organisations de jeunes évoluant dans ce domaine auprès de celles-ci. Leurs actions s’inscrivent essentiellement dans le soutien qu’ils apportent au monde rural avec des solutions pratiques endogènes, ou encore à travers des séances de reboisement dans les grandes forêts classées, les activités de ramassage d’ordures ou de gestion des plastiques, entre autres. Des organisations comme NEBEDAY, LEAD SENEGAL, DUNYA-ETHIC, JCI, AFRIQUE TERRES VERTES, AFRICA VERT, La FEDERATIONDES AGROPASTEURS DE DIENDIER, AFRIQUE TERRE FERTILE, LE CLUB CHANGEMENT CLIMATIQUE DE ZIGUINCHOR, la DREEC, CASAMANCE ECOLOGIE, ECOLOGIE UNIVERSELLE, SEN ViE Association, JVE, etc., marquent leur empreinte dans ce sens. Elles luttent à la fois contre le péril plastique et développent des projets innovants un peu partout.
-Cette année, la journée mondiale de l’environnement a mobilisé tous les acteurs impliqués dans ce laborieux travail. Hommes politiques, activistes de l’environnement, élèves et étudiants, etc. Au lycee John Kennedy, on ne pouvait s’attendre qu’ à une grande mobilisation de la part des jeunes venant de tous les horizons, vu que l’urgence environnementale rime avec l’urgence climatique. MARIAMA DJAMBONY BADJI fait partie de cette masse critique de jeunes dont le destin est désormais lié aux choses climatiques et environnementales. Elle est la Co-fondatrice de DNA SARL ( une entreprise évoluant dans le BTP, ses constructions se sont à base d’une brique de Terre compressée appelée BTC et est dérivée de l’adobe, l’un des premiers matériaux de construction. C’est un matériau 100% naturel, disponible en abondance ; elle se fabrique à base de la latérite tamisée qui est comprimée dans une presse mécanique) et Toftal. Elle est ambassadrice ( elle fait partie des 17 sélectionnés au niveau mondial) des Nations unies pour la promotion des ODD depuis dec 2020. Elle a remporté le prix du politicien de l’année en 2020.
Pour SOULEYMANE SECK, formateur-bénévole pour de nombreuses organisations au Sénégal, “cette date du 05 Juin mérite d’être célébrée en grande pompe dans le monde entier.” Car, selon ses termes, “ elle magnifie la protection de notre mère Nature, enjeu majeur pour le reste de ce 21eme siècle.” A l’enseignant-chercheur d’ajouter encore avec une pointe d’optimisme
“Personnellement, ce fut une journée très particulière d’autant plus que je l’ai passée avec des forces vives majoritairement composées de jeunes, ayant mis en place des initiatives durables et qui sont très engagées pour la cause juste qu’est la protection de l’environnement.”
J’étais également impressionné par les produits environnementaux novateurs qui ont été exposés par ces soldats de l’environnement. Ce qui veut dire que l’économie circulaire prend de l’envol dans notre pays.
Présent sur les lieux pour accompagner les acteurs dans le cadre de cette belle journée au lycée John Kennedy, SOULEYMANE SECK invite également les autorités à faire plus d’efforts dans ce sens
Nous saluons enfin la participation active des autorités territoriales, en l’occurrence Madame le Maire de la ville de Dakar, qui a présidé la cérémonie d’ouverture. Ce qui démontre l’engagement de la Ville de dakar au côté de cette nouvelle classe créatrice pour la préservation de notre écosystème.

El Hadji Thiam est chroniqueur d’opinion. Il est par ailleurs le coordonnateur national de Dunya-ethic, organisation de promotion du développement durable.