Et si on s’arrêtait un peu sur la supposée proposition que les gendarmes auraient faite à Bougazelli

L’affaire occupe les médias et les réseaux sociaux depuis le partage de la vidéo devenue virale. On y voit l’ex député Seydina Fall alias Bougazelli, pris la main dans le sac, crier “ay waay mane yaxounaa”. (Oh je suis foutu moi). Donc, il n’y a plus aucun doute sur son implication dans cette affaire de faux billets et/ou billets noirs. Et c’est déplorable qu’un élu de l’Assemblée nationale, un représentant du peuple censé avoir un comportement et une démarche exemplaires, s’adonne à des pratiques aussi viles.

Cependant, il y a quelque chose qui mérite l’attention de tous et qui doit être éclairé. Bougazelli, dans une interview faite après la publication de la vidéo, affirme que les gendarmes qui l’ont arrêté, lui ont proposé de mettre “50 millions” sur la table pour qu’ils étouffent l’affaire. On ne dit pas que Bougazelli a raison. On ne sait même pas s’il y a eu proposition ou pas. Et même s’il y en avait, on ne sait pas de qui, entre Bougazelli et les gendarmes, elle pourrait provenir.

Il y a toutefois un passage de la vidéo, qui peut faire penser à l’existence d’une proposition. C’est par exemple quand l’un des gendarmes dit: “Kilifeu you gueuna mak daniou leen di japp fii. Meun naniou ko gérer, mais ni guako beugua doxalee la” (Nous interpellons de plus hautes autorités ici. Nous pouvons gérer ça, mais c’est la manière dont tu veux faire les choses). Des paroles qui peuvent susciter des interrogations.

Auparavant, la réaction des gendarmes quand Bougazelli a parler de “gérer l’affaire”, a été plutôt moue, raison de plus s’il y a eu proposition venant de Bougazelli. On s’attendait à ce que les gendarmes servent une réponse négative, catégorique et retentissante à Bougazelli, tout en lui faisant savoir qu’en plus du délit pour lequel il a été arrêté, il venait de commettre un autre très grave, en voulant les corrompre. Mais tel n’a pas été le cas. Ils ont au contraire continué à parler avec lui sur cette affaire du “gérer”.

Peut-être que l’avenir nous édifiera sur cette affaire de supposée proposition corruptive. Mais si jamais il s’avère qu’il y a eu proposition venant des gendarmes pour étouffer l’affaire, ou même s’ils ont négocié une proposition venant de Bougazelli ; que ces derniers sachent qu’ils sont assimilables à Bougazelli ou même pires que lui. Et si jamais cette tentative est établie et qu’elle émane des gendarmes, ce sera un fait doublement grave en raison du milieu où cela s’est passé.

Coumba Ndoffène Diouf, journaliste