LA NOIRCEUR COMME PROPRIETE (Par Santa Yvoncia et El Hadji Thiam)

Au cœur de l’idée du rêve américain se trouve l’hypothèse que nous avons tous une chance égale de générer le genre de richesse qui donne un sens aux mots «vie, liberté et recherche du bonheur», audacieusement écrit dans la Déclaration d’indépendance.

La perspective d’une société « post-raciale »-daltonienne, égalitaire et sans préjugés raciaux » : y a-t-on encore droit ? Avons-nous encore le droit d’espérer ou de respirer, de marcher?

La sécurité, une tranquillité d’esprit qui résulte de l’opinion qu’on n’a pas à craindre de danger. Le 25 mai 2020, dans le Minnesota, cette assertion s’est vue une fois de plus être infirmée. Cela à propos de l’identité « peau noire » dans une société américaine nouvellement décrite société américaine « blanche ».
08min46s marquant l’arrêt d’une vie, celle de Georges Floyd, s’est prolongé en une vie à travers le énième souffle que s’est éprise la communauté noire américaine. Elle a pris depuis les Amériques dans la ville de Minnesota avant de se répandre dans d’autres villes suivant territoire telles que Chicago, … et de s’étendre au-delà des frontières, vers la France par exemple et d’engendrer en profondeur de nouveaux débats à défaut de donner voix à ceux qui s’étaient entre temps enfuis. De ces questions, il y a celles notifiées plus haut sur la sécurité (en vue générale) de l’identité et de la place dans la société des « peaux noires », et par ricochet celle d’un possible « retour aux sources » qui se fait encore timidement.

« I can’t breathe » dernier soupir d’un homme désarmé, visiblement abusé se voyant petit à petit rempli par la mort, s’est révélé être l’état comateux dans lequel la communauté afro internationale, américaine notamment, se reconnaît être plongée.

Comment respirer quand l’Etat qui se doit d’être garant de la société, communauté afro comprise, a démissionné de son poste, cédant ainsi à une action partiale au coeur même de la société ? Une réalité qui a cessé de passer inaperçue aux yeux de tous à tel point que l’on parle ouvertement du « privilège blanc ». Ainsi exposé sous la thèse controversée suivant laquelle « les personnes blanches dans les pays occidentaux bénéficieraient de privilèges sociaux, sociétaux, politiques ou économiques, qui ne seraient pas accordés aux personnes non blanches dans le même contexte ». Ce qui a été, une fois de plus, explicite avec Christian Cooper (un afro américain) dans un parc à New York, il y a quelques semaines, face à cette blanche américaine. Celle-ci appelait abusivement la police dû au simple fait de la suggestion de cet homme par rapport au lieu où elle se trouvait. Appelant la police, elle s’est à plusieurs reprises soumise au jeu de description abusive mettant à dessein la vie de l’homme noir en danger. Il a été assisté à plusieurs reprises qu’en cas d’intervention de la police accusant un homme noir, bien ou mal fondée, celui-ci finissait dans un état critique voire Mort. Dans ces cas-là (actions abusives de la part de la police), le tort n’est que rarement porté sur elle, dénonçant malhonnêtement les actions des différentes victimes. Nous le disions tantôt, la notion de sécurité, de par la police, est devenue partiale de sa mise en application. Elle laisse place à un outil sécuritaire temporaire qui devient les réseaux sociaux (cas d’exposition) via le téléphone qui devient à la fois l’avocat, le témoin, le témoignage voire même le juge légitime de la victime noire.

En effet, les réseaux sociaux ont presque permis de reconnaître la gravité de cet acte tout en alertant le monde entier. Ceci évoque certes la question de la race et de la valeur accordée à la lutte pour l’émancipation; mais nous estimons que les politiques de réparation sont aussi une condition politique pour soulager les blessures de l’histoire. Nous n’aurons pas à citer toute l’histoire tragique vécue par familles Noires divisées pendant presque quatre siècles( 400 ans de racisme aux États-unis). Sans sortir de ce contexte absurde, nous refusons de céder à la nostalgie mais de provoquer ainsi la révolte. Or ce qu’il y a lieu d’affirmer tout de suite est que le corps Noir doit désormais faire l’objet d’un profond respect qui s’impose à tous. Ce que les sportifs, notamment les athlètes et basketteurs, ont réussi sur le terrain par leurs brillantes performances jusqu’à attirer le regard des autres sur eux nous soulage et en même temps garantit un espoir lent ( slow hope) pour la race Noire de manière générale. De cette manière on ne peut occulter l’immense contribution intellectuelle des générations précédentes de la trempe de Web Du Bois, James Baldwin entre autres qui, à travers les écrits, ont donné à voir beaucoup plus, d’une façon intelligente et subtile, que les Noirs sont aussi dotés de grandes facultés intellectuelles. Car il s’agissait en toute légitimité de chercher à nier ce racisme qui partait naturellement de préjugés à la fois scientifiques et structurels. Dés lors que se développe cette prise de conscience à l’aune de la responsabilité collective et vérticale dans le monde d’aujourd’hui et d’avant, l’on s’aperçoit en fin de compte que la race Noire n’inspire non pas une haine mondiale construite mais celle d’une minorité de Blancs qui veut imposer son idéologie transparente un peu partout. Par malheur, cette construction idéologique finira historiquement par s’attaquer au secret de sa propre richesse déguisée en haine, ou à celui de sa prospérité acquise de manière insolente voire violente aux dépens des minorités. Il est clair que les Noirs ont rendu cette nation plus riche mais ils constituent la communauté la plus persécutée au cours de l’histoure des États-unis…..

A propos des AUTEURS:

Santa Yvoncia est une analyste politique engagée sur les fronts de la lutte pour l’émancipation au sujet des femmes et des minorités en Afrique et dans le monde.

El Hadji Thiam est chroniqueur d’opinion et militant communiste de la quatrième Internationale LIT/QI