Le Pr. Diomaye Faye fait un bilan à mi-parcours de sa médiation entre la CEDEAO et l’AES et évoque des avancées réalisées

Lors du Forum de Doha, tenu les 7 et 8 décembre 2024, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a présenté un bilan intermédiaire de sa mission de médiation entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce rôle stratégique, endossé par le Sénégal, vise à apaiser les tensions et à promouvoir une collaboration constructive entre ces deux entités.

Une médiation placée sous les projecteurs

Cette mission a pris une dimension internationale après l’annonce d’un échange téléphonique entre Bassirou Diomaye Faye et le président russe Vladimir Poutine, mettant en lumière l’engagement du Sénégal dans les enjeux de sécurité régionale. Cet entretien, qui s’est tenu le 22 novembre, portait sur la situation au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Selon la présidence sénégalaise, les deux dirigeants ont exprimé leur volonté de renforcer la coopération entre leurs pays et de promouvoir la paix et la stabilité dans la région.

Cette discussion a également rappelé l’importance du Sénégal en tant que médiateur impartial, capable de créer des ponts entre la CEDEAO et l’AES, deux organisations souvent en désaccord sur les approches à adopter face aux défis sécuritaires.

Retour sur le Forum de Doha

Le 8 décembre, Bassirou Diomaye Faye a profité de son intervention au Forum de Doha pour revenir sur les avancées réalisées dans cette mission délicate. Il a souligné la complexité des divergences entre la CEDEAO, qui privilégie une approche multilatérale institutionnelle, et l’AES, qui regroupe des États en quête d’une plus grande souveraineté sécuritaire, souvent méfiants à l’égard des interventions extérieures.

Tout en se gardant de dévoiler des détails précis, le président sénégalais a insisté sur l’importance du dialogue direct, qualifiant ce processus de « long, mais indispensable pour éviter une fracture géopolitique durable dans la sous-région ».

Avancées et défis

Jusqu’à présent, la médiation sénégalaise a permis quelques progrès :

• Rétablissement de canaux de communication entre les deux organisations, auparavant fermés.
• Engagements préliminaires sur des actions communes en matière de lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires.

Cependant, des défis persistent, notamment sur la coordination des stratégies militaires et le respect des principes de souveraineté des États membres de l’AES.

Un rôle salué, mais fragile

Le Sénégal, en tant que facilitateur, bénéficie d’une position géographique et diplomatique favorable, mais il reste confronté à la méfiance de certains acteurs régionaux. Le président Faye a reconnu que « le chemin vers une paix durable au Sahel exige des compromis difficiles de la part de toutes les parties prenantes ».

SIDY MOHAMET.