Le rôle normatif de la presse dans la démocratie (Par El Hadji Thiam)

Supposons que nous sommes dans un pays où toutes les voix sont muselées par une certaine élite autoritaire aspirant au pouvoir, alors que l’existence de contre-pouvoirs est simultanément ou impunément négligée pour satisfaire des égos au sommet de l’appareil d’État. Qu’est-ce qui serait judicieux à faire dans un tel scénario ?

La réponse, il me semble, ne doit pas être très loin. Si la citoyenneté est un principe sacré dans lequel s’insèrent les modalités de notre participation à la vie publique, le journalisme l’est davantage pour des raisons objectives. Il suffit de se rendre à l’évidence en interrogeant le paysage médiatique au Sénégal. Rares sont les pays qui accordent une grande liberté aux journalistes, rappelons- le pour avancer. Dans des pays comme le Kenya, l’Afrique du Sud , l’Ouganda, etc., ils sont torturés et tués. Les menaces populistes vont de pair avec les menaces technologiques( facebook, Instagram, whatsapp, télégramme, etc.) Deux mesures de classement – l’ Indice mondial de la liberté de la presse 2021 et les publications du Baromètre des médias africains – indiquent que les journalistes dans le monde ont continué à faire face à de multiples défis. Celles-ci comprenaient l’intimidation, le harcèlement physique ou en ligne, la surveillance, la disparition, les menaces, les arrestations arbitraires, les agressions et le manque d’accès aux installations publiques, aux autorités ou aux données.

Il est clair que le comportement des gouvernements locaux participe de cette érosion des pouvoirs de la presse, surtout en Afrique. Et parmi tant d’autres menaces. S’y ajoute le contexte du coronavirus facteur d’instabilité dans plusieurs pays en Afrique. Reporters sans frontières a rapporté que 50 journalistes du monde entier sont morts dans l’exercice de leurs fonctions . Leur mort était liée à des histoires d’enquête sur la corruption, l’utilisation abusive des fonds publics, le crime organisé et la couverture des manifestations.
Ces atteintes à la liberté de la presse se sont produites dans le cadre de la pandémie COVID-19, ce qui a aggravé les problèmes existants.Au Kenya, le premier cas de COVID-19 a été annoncé en mars 2020. Depuis, environ 600 journalistes ont été licenciés . Beaucoup ont subi des réductions de salaire et d’autres de longs retards dans le paiement des salaires.

Le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année – L’ information en tant que bien public – offre l’occasion d’apprécier ce plus large éventail de voix. Les journalises ne seront pas seuls sur le terrain de la lutte vers cette grande liberté. Ce qui suppose un long chemin sinueux et périlleux à la fois. Si tout le monde s’engage ( activistes,citoyens, acteurs de la sociétés civile, hommes politiques, organisations), la presse sera libre enfin. Les démocrates survivront de cette liberté, mais aussi au grand bonheur du partage culture impulsé par d’autres médias sociaux.

El Hadji Thiam est chroniqueur d’opinion