Les confusions de Zacob Zuma (EL HaDji Thiam)

Des pourparlers intenses entre les chefs de la police, la direction de L’ANC KWAZulu Natal et les membres de la famille de Zuma l’ont amené à se rendre pour purger la peine de 15 mois quelques minutes avant la date limite de son arrestation à minuit mercredi.

Zacob Zuma est maintenant en prison. C’est ce que révèlent les journaux sud-africains News24, DAILY MAVERICK, Mail & Guardian, etc. En effet, cette affaire jusque-là inédite dans l’histoire d’un pays comme d’Afrique du Sud mérite qu’on s’y attarde un peu pour simplifier la compréhension. Pourquoi est-il alors pertinent de réfléchir sur cette décision du tribunal suprême de mettre un ancien président en prison pendant 15 mois au moins? Qu’est-ce qui fait que certains pensent que c’est la bonne décision alors que ses partisans crient au mensonge d’Etat? L’Afrique du sud est-elle un pays à part? Peut-on pousser la logique comparative en parlant de récidive politique selon les échelles ou des pays ? En quoi le refus de Zuma de répondre à l’ordonnance de la Commission Zondo est-il un frein à la manifestation du droit ou de la primauté du droit dans son pays?

Au mois d’avril dernier, dans une chronique, nous avons essayé de montrer la mise scène qui entoure ce feuilleton judiciaire en partant du sentiment que M. Zacob Zuma était tenté par le jeu de ping-pong pour résoudre ce problème politique. Ce qui complique quelque peu sa situation actuelle. Ce scénario pointe à bien des égards un vif contraste dans sa communication – car, au bout de quelques mois, Zuma lui-même se dit – curieusement d’ailleurs – prisonnier d’opinion au sein de la classe politique sud-africaine. Quelque chose a naturellement évolué dans l’approche ou dans sa communication.

Dès lors, il me semble important, surtout dans le cadre de cette analyse, d’apporter quelques précisions factuelles – pour des besoins de clarté. Il est vrai que Zacob Zuma est depuis la nuit du 7 juillet emprisonné dans son pays, mais là n’est pas le problème. Les choses sont peut-être beaucoup plus complexes qu’on ne l’imagine. En effet, si M. Zacob Zuma est en prison, c’est en partie dû au fait que la commission Zondo était pour lui – du temps où il fut le président de l’Afrique du sud – l’illustration de sa ferme volonté de mettre fin à l’impunité. La commission Zondo est en réalité une commission que M. Zuma avait lui-même mise en place pour lutter contre ce qu’il entendait à l’époque comme étant l’expression de la volonté du peuple. Nous nous poserons judicieusement la question de savoir si la justice que réclamait le peuple du temps de Zuma président a fini de faire prévaloir sa quête légitime aujourd’hui, oubien qu’ il y a une différence nette entre Zuma president et Zuma citoyen. Qu’en est-il de la responsabilité des citoyens ordinaires en ce qui concerne la défense de leurs intérêts en démocratie ? Un citoyen ordinaire n’a t-il pas les mêmes droits que le président de la République dans un pays censé être démocratique ? Le comportement de Zacob Zuma semble dire le contraire, quoique complexe l’affaire qui l’oppose à la cour constitutionnelle ou à la commission Zondo.

Contre toute attente, Zuma n’est plus non seulement président de l’Afrique du sud, mais la commission Zondo qu’il a créée pose également problème à l’expression de l’Etat de droit à ses yeux. Certains commentateurs politiques y voient évidement un immense paradoxe. Ainsi, au bout de trois ans et demi – car l’affaire dite de la Capture d’État liant la commission ZONDO ET ZUMA a commencé déjà en 2017 sous Zuma -, le tribunal suprême ordonne, sur demande de cette même commission Zondo, l’arrestation de l’ex president qui a refusé catégoriquement de cooperer avec le système judiciaire de son pays. Zuma a en vérité demandé l’annulation de cette ordonnance et a saisi la Cour constitutionnelle de son pays pour éviter la la prison. Chose impossible. Pire, Zuma ne bénéficiera d’aucun traitement favorable au niveau du service correctionnel, dit LAMOLA, le chef de la police. Pendant ce temps, l’avocat de Zacob Zuma avait déclaré le mardi passé à la Cour de Pietermariteburg que la Cour était compétente pour trois motifs différents pour suspendre l’ordonnance constitutionnelle de la Cour Constitutionnelle en attendant la demande d’annulation de sa peine de 15 mois de prison pour outrage.

Nous pensons que Zuma se moque de la justice de son pays et n’a aucune considération pour les juges et la Commission Zondo. Pour rappel, la commission Zondo est chargée d’examiner à capture d’Etat. En conséquence, hormis certaines allégations et fausses informations accompagnant cette sombre affaire, l’histoire de politique de l’Afrique administre la preuve que les hommes politiques sont par moments des citoyens ordinaires qui doivent répondre à la justice de leur pays. Nelson Mandela a une fois été convoqué devant la Haute Cour pour expliquer sa décision de nommer une commission d’enquête sur les affaires de la SA Rugby. Le président Thabo Mbeki a comparu devant la commission du juge Seriti pour expliquer son rôle dans l’accord sur les armes. D’autres membres du gouvernement et de l’ANC ont fait de même. Donc pourquoi pas Zacob Zuma? Cette même situation est perceptible dans des pays comme la Corée du sud ou même Israël, où des dirigeants sont jugés par la justice de leurs pays respectifs. D’ailleurs, ces propos de l’ex président, Zuma, pendant qu’il était président illustrent clairement un changement de position de sa part.

“ Les allégations selon lesquelles l’Etat a été arrache des mains de ses véritables propriétaires, le peuple sud-africain, sont d’une importance capitale et méritent d’être definitives et sûres”.

Il ajoute également
“Il ne devrait y avoir aucun domaine de corruption et de coupable qui devrait être épargné par l’étendue de cette commission d’enquête. J’espère que nous respecterons tous le processus et n’empecherons pas la commission de faire son travail.”.
L’on se rend bien compte de la difficulté pour nos dirigeants afrcains de respecter les institutions de la République. Zuma ne semble pas donner confiance aux juges ni accorder une confiance dans les institutions de son pays, alors qu’il fut président de l’Afrique du Sud pendant une période de l’histoire de ce pays. Néanmoins, le fait qu’il fait appel à la Cour constitutionnelle pour destituer le juge Zondo ne suspend pas son obligation d’obeir à une assignation légale decla Commission. C’est à la justice de faire prévaloir le droit .

EL HaDji Thiam est chroniqueur d’opinion. Auparavant, il était le rédacteur en chef du Media universitaire Campus Actu